Dossier Thématique

Prescription et réalisation d’un bilan biologique à la recherche d’une thrombophilie : propositions du GFHT 2022 Partie II : aspects méthodologiques et biologiques – v2.1

Prescribing and performing a biological assessment for thrombophilia: GFHT 2022 proposals Part II: methodological and biological aspects - v2.1

Yves GRUEL, Pierre MORANGE, Martine ALHENC-GELAS, Élodie BOISSIER, Isabelle GOUIN-THIBAULT

Volume 4 - Numéro 2 - Avril-Juin 2022

Rev Francoph Hémost Thromb 2022 ; 4 (2) : 61-102

RÉSUMÉ

Ce texte constitue une mise à jour des propositions relatives à la réalisation pratique des analyses de laboratoire de la thrombophilie chez l’adulte et l’enfant, validée par les membres du GFHT. Après une mise au point sur les conditions pré-analytiques, une analyse des caractéristiques des méthodes d’études des inhibiteurs physiologiques de la coagulation est présentée et des algorithmes de conduite diagnostique sont proposés. Les causes d’anomalies acquises et d’interférences sont détaillées. En première intention, l’activité cofacteur de l’héparine de l’antithrombine et l’activité de la protéine C seront mesurées ainsi que l’activité de la protéine S ou sa mesure par méthode immunologique (mesure de l’antigène). La place de l’étude des gènes de l’antithrombine et des protéines C et S est discutée. Des propositions sont émises pour la mesure des inhibiteurs quand un traitement anticoagulant est en cours, notamment AOD. Le FV Leiden et le variant G20210A (c.*97G>A) du gène F2 peuvent être recherchés par différentes méthodes, commerciales ou « maison », et un résultat positif sera confirmé avec un nouveau prélèvement. Il est recommandé de ne pas rechercher une résistance à la protéine C activée pour détecter un facteur V Leiden. La recherche d’anomalies constitutionnelles du fibrinogène est parfois indiquée, et les méthodes à utiliser sont discutées. Concernant la thrombophilie acquise, les tests nécessaires au diagnostic du syndrome des anticorps antiphospholipides sont présentés. La démarche diagnostique d’un anticoagulant circulant de type lupique chez un patient traité par anticoagulant et notamment par AOD, est décrite. La mesure des D-dimères n’est proposée que pour participer à l’évaluation du risque de récidive de thrombose veineuse. Le texte aborde enfin des questions pratiques essentielles, relatives au moment optimal du prélèvement pour les analyses de laboratoire de la thrombophilie.

MOTS CLÉS

analyse des gènes, anticoagulant lupique, D-dimères, dysfibrinogénémie, FV Leiden, inhibiteurs physiologiques de la coagulation, maladie thromboembolique veineuse, syndrome des antiphospholipides, thrombophilie biologique, variant G20210A du gène F2

ABSTRACT

This article is an update, validated by the members of the GFHT, of the practical recommendations for performing thrombophilia screening in adults and children. After a review of the preanalytical conditions, features of the testing methods for the physiological coagulation inhibitors are presented and diagnostic strategy algorithms are proposed. Causes of interferences and of acquired abnormalities are detailed. In first intention, heparin cofactor activity of antithrombin and activity of protein C will be measured as well as the activity of protein S or free protein S antigen assay. The role of genotyping for antithrombin and protein C and S genes is discussed. Proposals are made for the measurement of inhibitors in patients treated with anticoagulants, in particular with DOAC. FV Leiden and the F2 gene variant G20210A (c.*97G>A) can be investigated by different methods, commercial or “in-house”, and any positive result should be confirmed on a new sample. It is recommended not to test for activated protein C resistance to detect Factor V Leiden. Testing for fibrinogen abnormalities is sometimes indicated and the methods that can be used are discussed. Regarding acquired thrombophilia, the tests necessary for the diagnosis of antiphospholipid antibody syndrome are presented. The diagnostic approach of a lupus anticoagulant in a patient treated with an anticoagulant especially with DOAC, is described. The measurement of D-dimer plasma levels is proposed only to contribute to the assessment of the risk of recurrence of venous thromboembolism. Finally, the article addresses practical issues related to the optimal timing of thrombophilia testing.

KEYWORDS

antiphospholipid syndrome, biological thrombophilia, D-dimers, dysfibrinogenemia, F2 gene variant G20210A, FV Leiden, gene analysis, lupus anticoagulant, physiological coagulation inhibitors, venous thromboembolic disease